Histoire de Lacommande

Les aléas de 9 siècles d’histoire ont miraculeusement préservé à Lacommande ce qui peut être considéré comme le seul témoin encore en élévation d’un élément du réseau de Sainte-Christine-du-Somport sur le versant nord des Pyrénées avec, tout en un tenant, une église et un hôpital du XIIe siècle, tous deux classés Monuments historiques, un ancien cimetière contenant une cinquantaine de stèles funéraires discoïdales des XVIIe et XVIIIe siècles et une maison qui fut vraisemblablement celle du commandeur avant de devenir presbytère, puis propriété d’un particulier à la Révolution, et enfin mairie.

A cet ensemble patrimonial sont venus s’ajouter récemment des installations destinées à l’accueil des touristes, randonneurs et pèlerins. En 1986, l’ancienne maison Loustaunau a été transformée en Maison des Vins et du Terroir du Jurançon. Elle constitue une vitrine pour une soixantaine de vignerons sur la Route des Vins de Jurançon, renouant avec un témoignage de 1297 qui cite deux vignobles et un pressoir en ce lieu. En 1997, un gîte a été aménagé pour les pèlerins qui empruntent le chemin d’Arles ou GR653 entre Lescar et Oloron.

La fondation de l’hôpital du Faget d’Aubertin

Dans le premier quart du XIIe siècle, Gaston IV de Béarn, dit le Croisé, entreprend la construction d’un relais hospitalier, l'Espitau deu Faget d'Aubertii, entre les villes épiscopales de Lescar et d’Oloron, sur un très ancien chemin qui se prolonge vers l’Espagne par la vallée d’Aspe et le col du Somport.

Situé presque à mi-chemin entre Lescar et Oloron, le village de Lacommande semble être une enclave sur le territoire de Monein. La ligne rouge est le chemin d’Arles ou GR653.

Cependant, un petit seigneur local revendique la propriété du sol et de longues batailles juridiques s’ensuivent, jusqu’à ce qu’un accord intervienne en janvier 1128. La charte albertine est passée entre, d’une part, les représentants de Gaston IV et du prieuré de Sainte-Christine-du-Somport, et, d’autre part, les successeurs du seigneur de Bedosse. Ces derniers ayant été dédommagés par 90 brebis pleines, l’hôpital peut continuer à se développer sous la conduite de chanoines réguliers de Saint-Augustin et dans le cadre du réseau de Sainte-Christine-du-Somport. Des terres sont défrichées entre la Bayse et le haut du coteau vers l’ouest et une église contigüe à l’hôpital est construite vers 1135-1140.

Les bulles des papes Eugène III en 1151 et Innocent III en 1216, prennent sous leur protection le prieuré de Sainte-Christine-du-Somport et ses possessions, au premier rang desquelles figure l’église d’Aubertin avec l’hôpital et toutes ses dépendances, au service des pauvres et des étrangers. Les étrangers (peregrini) incluent aussi bien des chevaliers, commerçants, religieux ou colons qui vont et viennent en Espagne dans le cadre de la Reconquête, que des pèlerins qui se rendent à Compostelle. Les documents de l’époque sont muets sur le flux relatif de ces différents voyageurs. Les relations entre l’hôpital d’Aubertin et le prieuré de Sainte-Christine-du-Somport sont de nature économique, administrative et financière, alimentées par les retombées de la Reconquête, dans le cadre d’une très étroite collaboration politico-religieuse entre Aragon et Béarn. Ainsi, le prieuré de Sainte-Christine obtient en 1160 du seigneur d’Artiguelouve la cession et la vente de terres et de bois sur la rive droite de la Bayse à l’usage des troupeaux transhumants de Sainte-Christine et de ceux de l’hôpital d’Aubertin. En 1208, le commandeur d’Aubertin, A. de Maurinis, reçoit l’église et le village de Castejón de Valdejasa, domaine reconquis dans la région aragonaise des Cinco Villas. En échange, la commanderie d’Aubertin devra accueillir les bergers et religieux de Sainte-Christine ainsi que des chapitres organisés par le prieur.

Le développement de la commanderie d’Aubertin

C’est justement dans le document de 1208 qu’apparaissent pour la première fois les termes de commandeur et de commanderie d’Aubertin. Ce changement s’inscrit dans un mouvement d’ensemble puisque de nombreuses autres possessions du réseau de Sainte-Christine voient leur statut changer d’hôpital en commanderie (Bonnefont, Gabas, l’Hôpital-Saint-Blaise, Lespiau, Mifaget, Peyranère, Aniès, Bisimbre, Castejón de Valdejasa, Jaca, Los Arañones, Soria, Tarazona, Tudela) ou en prieuré (Artieda, Huesca et Puilampa). Il s’avère que la commanderie d’Aubertin devient assez vite l’antenne principale du prieuré de Sainte-Christine sur le versant nord des Pyrénées. En particulier, c’est là que se tiennent des chapitres de l’ordre réunissant les frères d’Espagne et de Gascogne. Les témoignages des chapitres de 1233, 1261, 1307 et 1464 nous sont parvenus, celui de 1261 étant consacré à trouver des solutions pour résorber les nombreuses dettes de l’ordre.

Le statut de commanderie s’accompagne d’une autonomie accrue. C’est ainsi que, le 7 août 1297, le vicomte de Béarn et comte de Foix, Roger-Bernard III et son épouse Marguerite de Béarn signent un contrat de paréage avec le commandeur Fortaner de Pimbo. Le contenu des 17 articles de ce contrat indique qu’au-delà d’un simple paréage, c’est très vraisemblablement de la fondation d’une bastide qu’il est question. L’objectif n’est pas de créer une ville neuve à plan régulier, mais plutôt de conférer à une communauté qui existe depuis bientôt 2 siècles un statut juridique privilégié.

Le fait que Jean de Béarn, frère naturel de Marguerite, soit à la fois commandeur d’Aubertin et prieur de Sainte-Christine en 1311 montre bien que des liens très étroits subsistent entre les deux établissements. A cette époque, le réseau canonial de Sainte-Christine-du-Somport a atteint son apogée. La carte de ses possessions révèle une forte implantation en Aragon, dans le sillage de la Reconquête.

Carte de répartition des possessions de Sainte-Christine-du-Somport au début du XIIIe siècle.

Lors du dénombrement ordonné par Gaston III de Foix-Béarn en 1385, la commanderie est englobée dans la paroisse d’Aubertin et n’apparaît explicitement que pour 3 feux de l’Espitàu d’Aubertii., même si une lecture attentive révèle quelques autres maisons situées sur son territoire (voir "Dénombrement 1385"). La population locale est donc constituée, au minimum, d’une vingtaine de personnes : le commandeur, quelques religieux, des donats et des habitants qui cultivent la terre. À la même époque, l’actuel territoire d’Aubertin appartient pour l’essentiel au seigneur d’Artiguelouve. Sa population, beaucoup plus nombreuse que celle de la commanderie, n’a cependant d’autre choix que de fréquenter l’église et le cimetière de la commanderie.

Dans un dénombrement effectué en 1538, le commandeur Jean de Borau présente, outre les possessions de la commanderie, une liste de 25 villages dans lesquels il peut « lever des sommes et fiefs » pour des terres, prés ou vignes.

A la veille de la Réforme, la commanderie d’Aubertin est prospère. Selon Marca, cette maison hospitalière avoit plus de deux mille cinq cens livres de rente en dismes et en domaine avant la saisie des biens ecclésiastiques de Béarn. Jeanne d’Albret attend le décès du dernier commandeur en place, Balthazar de Borau, pour donner les revenus de la commanderie au capitaine Bertrand d’Espalungue, le 25 septembre 1571, tandis que les chanoines réguliers de Saint-Augustin quittent tous les établissements du réseau de Sainte-Christine-du-Somport. La saisie des biens ecclésiastiques de la commanderie d’Aubertin intervient en 1587 et un nouveau fermier, Jean de Sabaloa, prend possession des lieux.

En 1603, c’est Henri IV qui place un de ses protégés, Pierre de Licerasse, lors de la reprise en main des établissements religieux par les catholiques. En 1610, les Barnabites sont mis en possession de tous les biens qui dépendaient de Sainte-Christine-du-Somport, côté français. Ils s’installent effectivement à la commanderie d’Aubertin vers 1640, après avoir destitué le commandeur Elie de Licerasse qui résistait et ils prennent eux-mêmes le titre et les fonctions de commandeurs. Par ailleurs, le 30 juin 1640, Jean d’Artiguelouve vend le château et le domaine d’Aubertin à François de Navailles. Ainsi, pratiquement au même moment, deux autorités nouvelles apparaissent de part et d’autre de la Bayse : le seigneur de Navailles-Mirepeix sur l’actuel territoire d’Aubertin et les Barnabites sur celui de Lacommande. Pour autant, ils continuent à ne disposer que d’un seul lieu de culte : l’église Saint-Blaise de la commanderie et le cimetière adjacent.

Les Barnabites vont devoir restaurer l’établissement religieux, reprendre en main les habitants en leur imposant des contrats de nouvel affièvement en 1667, résister à l’annexion par la communauté de Monein, bref remettre à flot une commanderie bien menacée au prix de nombreux procès avec Monein et même avec les Lacommandais qui contestent leur autorité. L’hôpital lui-même est menacé par des ordonnances royales successives pourchassant les établissements qui ne pratiquent plus l’hospitalité et qui détournent les revenus. Néanmoins, lors du dénombrement de 1768, on constate que les Barnabites contrôlent, outre l’hôpital toujours en activité, le territoire de La Commande et même une petite partie du territoire d’Aubertin.

La commune de Lacommande après la Révolution

Les archives paroissiales montrent que l’hôpital fonctionne jusqu’à la Révolution française, mais celle-ci met fin de façon abrupte à plus de 6 siècles de présence religieuse. Les Barnabites quittent les lieux. L’hôpital et le presbytère sont achetés par des particuliers. La Commande d’Aubertin devient la commune de Lacommande, administrativement séparée de celle d’Aubertin. Les deux communes continueront cependant à ne constituer qu’une seule paroisse, malgré une tentative infructueuse de construction d’une église près du château d’Aubertin en 1773. Ce n’est qu’en 1867, après la construction d’une église et l’installation d’un cimetière à Aubertin, qu’intervient la séparation définitive en deux paroisses distinctes.

Après avoir connu une longue gouvernance religieuse, Lacommande se banalise en un petit village béarnais d’environ 200 habitants sans histoire particulière. Les habitants se sont partagé les champs, bois et vignes qui appartenaient aux Barnabites. Certains ont pu acheter quelques maisons, dont les deux moulins, et l’hôpital. Le bilan apparaît dans le Livre Terrier 1796. Il sera bientôt détaillé lors de l’établissement du cadastre napoléonien en 1833.

Cependant, son passé religieux permet au village d’hériter d’un centre de vie autour de l’église qui comporte commerces, école et étude notariale. Il va même bénéficier d’une école de filles jusqu’au début du XXe siècle dans une maison prêtée par l’ancien maire Malapesse. L’enseignement y est dispensé par des Filles de la Croix. Après la séparation des Églises et de l’État, vers 1903, les Sœurs quittent le village et la commune rachète la maison Malapesse pour en faire une école laïque et mixte.

Un tournant très important dans la vie du village va intervenir le 12 mars 1962 lorsque l’église et l’ancien hôpital sont classés Monuments historiques. Alerté sur la valeur du patrimoine local par des historiens tels que Victor Allègre et Pierre Tucoo-Chala, René Camy, maire et instituteur du village et par ailleurs conseiller général de canton de Lasseube, va être la cheville ouvrière d’une opération de réhabilitation qui réunit des institutions comme le Conseil Général des P-A, les Monuments Historiques ou les Amis des Églises Anciennes du Béarn.

Lors de la réception de René Camy à l’Académie de Béarn, le 10 juin 1989, la réhabilitation du site est déjà bien avancée. Voir Discours René Camy dans Revue de Pau et du Béarn 1989, p 353-358.

L’achat de l’ancien hôpital par le département en 1983 avait permis en particulier de sauver ce bâtiment en ruine, après que l’église, victime d’un effondrement d’une partie du chœur le 14 mai 1970, ait été elle-même largement rénovée. Le troisième chantier porta sur le cimetière-jardin qui comporte une collection, unique en Béarn, d’une cinquantaine de stèles discoïdales des XVIIe et XVIIIe siècles.


 



Quelques détails supplémentaires pour les plus curieux.

Des progrès considérables ont été faits ces dernières années dans la connaissance de l’histoire de Lacommande grâce à l’analyse de sources jusque-là inexploitées, qu’il s’agisse d’ouvrages sur le prieuré de Sainte-Christine-du-Somport, sur la Reconquête, sur le pèlerinage de Compostelle, ou, plus localement, de documents contenus dans les archives communales de Monein, Aubertin et Lacommande. Ces progrès ont permis en particulier d’effectuer quelques mises au point sur des idées reçues.

Lacommande et Aubertin

Il faut bien avouer que le fait que Lacommande se soit d’abord appelé Hôpital du Faget d’Aubertin, puis commanderie d’Aubertin et ensuite La Commande d’Aubertin jusqu’à la Révolution, a largement contribué à la confusion entre les deux communautés. Sans compter que dans beaucoup de documents anciens, la commanderie d’Aubertin est abrégée en simplement « Aubertin » !

Depuis des temps immémoriaux, la Bayse (ou Baïse) sépare deux communautés :

  • sur la rive droite, la communauté d’Aubertin dont le territoire a d’abord appartenu à la seigneurie d’Artiguelouve avant d’être vendu en 1640, ainsi que son château, au seigneur de Navailles-Mirepeix. Ce territoire devient la commune d’Aubertin à la Révolution. Son identité avant la Révolution est détaillée dans "La seigneurie d'Aubertin avant la Révolution"
  • sur la rive gauche, nous avons vu que Gaston IV le Croisé fonde l’hôpital du Faget d’Aubertin dans le premier quart du XIIe siècle et l’intègre dans le réseau de Sainte-Christine. La commanderie d’Aubertin qui apparaît au début du XIIIe siècle occupe un territoire qui est une sorte d’enclave dans celui de Monein. Les Moneinchons revendiqueront d’ailleurs sa propriété pendant des siècles, jusqu’à la création de la commune de Lacommande à la Révolution.

 

Si la différentiation géographique entre les deux communes d’Aubertin et de Lacommande est nette, la vie de leurs habitants a été extrêmement proche pendant des siècles, aussi longtemps qu’ils ont dû tous se rassembler autour d’un centre constitué par l’église, l’hôpital et le cimetière adjacent. En effet, même après être devenues deux communes distinctes en 1790, Lacommande et Aubertin ont continué à ne constituer qu’une paroisse unique jusqu’en 1867, date à laquelle une église et un cimetière sont enfin installés à Aubertin. Pour ajouter à la complexité de la situation, le territoire d’Aubertin était sur le diocèse de Lescar et celui de Lacommande sur celui d’Oloron jusqu’à ce que les évêchés de Lescar, Oloron et Bayonne fusionnent en 1801.

Les histoires de Lacommande et d’Aubertin restent donc quelque peu enchevêtrées, d’autant plus qu’elles continuent à être alimentées par des confusions tenaces. Ainsi, le village de Lacommande est très souvent présenté comme un ancien quartier d’Aubertin qui ne prit son indépendance qu’en 1773. Une étude, effectuée sur la première église paroissiale d’Aubertin, explique la genèse de cette erreur.

Lacommande et Compostelle

Il existe un certain nombre de fables qui relèvent plus de la mythologie que de l’histoire : Gaston IV aurait fait déboiser une hêtraie appartenant au seigneur d’Aubertin afin de sécuriser le chemin des pèlerins de Compostelle entre Lescar et Oloron. Ce chemin aurait été jusqu’alors infesté de brigands et de bêtes sauvages. Par la suite, Lacommande et son ensemble hospitalier furent un « haut lieu de passage » sur la voie d’Arles. Les pèlerins qui mouraient à l’hôpital étaient inhumés dans le cimetière adjacent avec des stèles discoïdales du XIIIe siècle.

Les historiettes de ce genre ont la saveur de l’épopée, la couleur de la vraisemblance, mais elles ne reposent sur aucun document fiable. Parfois, elles sont carrément fausses, voir stèles discoidales.

En fait, on ne dispose à l’heure actuelle d’aucun témoignage direct du passage de pèlerins par Lacommande pendant les 6 premiers siècles de son existence, soit jusqu’au début du XVIIIe siècle. Il est pourtant logique que des pèlerins soient passés par Lacommande. Les possessions du réseau de Sainte-Christine dans le Gers et en Béarn sont situées sur le chemin d’Arles et il existe un quartier de Lacommande qui s’appelle « Pelegry » dans la direction d’Oloron. Par contre, aucune trace du pèlerinage dans l’iconographie de l’église, consacrée à saint Blaise, ni dans les écrits, y compris dans le cartulaire de Sainte-Christine du Somport.

Hôpital ou commanderie ?

Le terme de commanderie est désormais utilisé pour désigner un bâtiment, en l’occurrence l’ancien hôpital. Il semble qu’il ait été introduit pour la première fois en 1962 lors du classement par les Monuments historiques. Auparavant, ce bâtiment est désigné dans les textes par hôpital du Faget d’Aubertin, ou hôpital de la commanderie d’Aubertin ou, tout simplement, hôpital d’Aubertin. Jusqu’en 1962, la commanderie a toujours désigné l’ensemble du domaine, incluant terres et bâtiments. C’est encore très clair dans l’esprit des Barnabites, commandeurs jusqu’à la Révolution. Lors d’une entreprise de rénovation, en 1761, le "Devis de réparation" commence par la phrase :

  • Devis du boisage nécessaire qu’il faut pour faire les réparations des moulins, pesselles, hospital et maison de la Commanderie d’Aubertin appartenant aux révérends Pères Barnabites de Lescar

 

Signalons que la maison du commandeur désigne ici le bâtiment actuellement occupé par la mairie. Par ailleurs, les Barnabites possèdent, en tant que commandeurs, une grande partie des terres du village.

Dans le premier article de leur Dénombrement 1768 ils disent posséder :

  • noblement des dépendances du prieuré de Ste Christine, La Commanderie appelée communément La Commande d’Aubertin, la dite Commanderie comprend un vaste tenement de terres labourables, vignobles, prés, bois et fougères, le tout en un tenant

 

Notons aussi que le panneau explicatif situé devant l’église comporte la mention :

  • Fondée entre 1100 et 1124, « La Coumande deú faget d’Aubertin » fut la pièce maîtresse du réseau d’hôpitaux mis en place par Gaston IV le Croisé lors de la reconquête de Saragosse sur les maures.

 

Comme expliqué plus haut, c’est un hôpital qui fut fondé dans le premier quart du XIIe siècle et non une commanderie. La Coumande deú faget d’Aubertin est une invention de l’auteur. Un commandeur, et donc une commanderie, n’apparaît qu’au début du XIIIe siècle. D’autre part, tout indique que cet hôpital fut mis en chantier avant la reconquête de Saragosse, sans qu’il y ait de corrélation entre les deux évènements.

En conclusion, le terme de commanderie de Lacommande est rentré durablement dans le langage commun pour désigner l’ancien hôpital. Il est pourtant doublement impropre : en plus d’être une sorte de pléonasme, il désigne un bâtiment qui ne fut jamais habité par le commandeur alors qu’il devrait désigner le domaine géré par ce dernier.

Sources

 

  • DURÁN GUDIOL (Antonio), El hospital de Somport entre Aragón y Bearn (siglos XII y XIII,), coleccion básica aragonesa, Saragosse, Guara, 1986.
  • DUVAL (Marie-Victoire), Monein. Une communauté du Béarn au moyen âge et sous l'ancien régime, Biarritz, l’auteur, 1991.
  • ELISSONDO (Robert), L’hôpital-Saint-Blaise. Histoire, art et croyances sur les routes pyrénéennes du XIIe au XXIe siècle, Biarritz, Atlantica, 2009.
  • KIVIHARJU (Jukka) Colecci?n diplomática del Hospital de Santa Cristina de Somport. I : Anos 1078-1304, Academia Scientiarum Fennica, Helsinki, 2004.
  • LABORDE-BALEN (Louis), Somport, Biarritz, J & D, 1996.
  • LASSÈGUES (Jean-Claude), Une bastide à Lacommande en 1297 ? Revue de Pau et du Béarn, vol. 38, 2011, p 91.
  • LASSÈGUES (Jean-Claude), LACOMMANDE, de l’hôpital à la commanderie et au village, Centre généalogique des Pyrénées-Atlantiques, Pau, 2012.
  • LALANA (Francisco), Historia de el Monasterio Real de Santa Cristina de Sommo portu de Aspa el orden de predicatores de la ciudad de Jacca, Huesca, 1989.
  • MARCA (Pierre de), Histoire de Béarn, Tomes I et II, Monein, Princi Néguer, 2000.
  • TUCOO-CHALA (Pierre), Lacommande. Un relais en Béarn sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, Pau, édité par les Amis de Eglises Anciennes du Béarn, Marrimpouey Jeune, 1971.
  • TUCOO-CHALA (Pierre), Quand l’Islam était aux portes des Pyrénées, Biarritz, J & D, 2000.